L'ÉDUCATION NATIONALE ET SES RÉSISTANTS
Comment retrouver l'excellence perdue
Comment retrouver l'excellence perdue
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ANNE COFFINIER MÈRE DE FAMILLE
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NORMALIENNE ET ÉNARQUE, DIRECTRICE GÉNÉRALE DE LA FONDATION POUR L'ÉCOLE
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18 SEPTEMBRE 2016 FRANCE2
. Après avoir vu ce reportage, deux sentiments s'entremêlent : l'émerveillement et la colère. L'éducation mérite largement mieux que l'immobilisme. . Pour aider les enfants à s’épanouir et à acquérir le goût d’apprendre, une jeune chercheuse, alors institutrice, a expérimenté une démarche basée sur trois points essentiels : l’action, l’amour et la motivation. Résultat ? Des gamins capables de lire dès l’âge de trois à quatre ans ou de résoudre des multiplications à quatre chiffres dès l’âge de quatre ans ! Et, le tout, dans la joie et la bonne humeur. Vous vous dites que l’ÉDUCATION NATIONALE a dû être enthousiaste et ravie ? Pensez-vous ! Elle a aussitôt demandé à la rebelle d’arrêter ses recherches… . Cette ancienne institutrice, c’est CÉLINE ALVAREZ. Dans sa classe, elle invitait les enfants à faire le ménage, à s’habiller eux-mêmes, à découvrir des continents, à lire… Son but «stimuler le potentiel de ses élèves» . Une méthode géniale et efficace qui, malheureusement, n’était pas du goût de sa hiérarchie… . FRANCE 2 a récemment consacré un reportage à cette expérience. Regardez, ça laisse un drôle de sentiment, entre émerveillement et colère. . Rageant, n’est-ce pas ? . Pour se justifier, FLORENCE ROBINE, la DIRECTRICE GÉNÉRALE DE L’ENSEIGNEMENT SCOLAIRE, précise notamment une chose :. «Notre responsabilité c’est que ces méthodes soient le mieux évaluées possible» . Une priorité en tout point opposée au SYSTÈME ÉDUCATIF FINLANDAIS. Dans ce pays, les professeurs disposent d’une grande liberté, appliquent les méthodes éducatives de leurs choix (en général, ils les utilisent un peu toutes) et ne sont jamais l’objet d’inspections. Résultat ? Les petits finlandais sont parmi les plus performants du monde ! . Pour enrayer l’échec scolaire, LA FRANCE ENVISAGE DÉSORMAIS DE RENDRE L’ÉCOLE OBLIGATOIRE DE 3 À 18 ANS (contre 6 à 16 aujourd’hui).
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4 OCTOBRE 2012 LE POINT
. [...] Bienvenue au COURS HATTEMER. Discrètement blotti derrière la GARE SAINT-LAZARE à PARIS, ce petit établissement privé, laïque et hors contrat, est un véritable ovni dans la galaxie scolaire : on y ressuscite, de la maternelle jusqu'au BAC, une école qui n'existe plus, avec tableaux d'honneur, bouliers et dictées quotidiennes. La cour est grande comme un mouchoir de poche, sans arbres, la salle de gymnastique, elle aussi toute petite, est en sous-sol. On paie pourtant entre 5 000 et 8 000 euros l'année, on traverse bien souvent PARIS et parfois l'ILE-DE-FRANCE pour placer son enfant dans ce drôle d'îlot malcommode, miraculeusement préservé, espère-t-on, des allégements de programmes et de la déliquescence supposée de l'ÉDUCATION NATIONALE. Le nom, HATTEMER, est celui d'une préceptrice alsacienne dont quelques grandes familles parisiennes, à la fin du XIXe siècle, s'arrachèrent les talents. La demoiselle mit au point une méthode d'enseignement par correspondance pour les enfants de diplomates et ouvrit sa propre école en 1885 : ce sont ses principes qu'on applique encore aujourd'hui. D'ailleurs, elle est là, au fond du couloir, chignon sévère, robe longue figée dans un tableau sinistre devant lequel passent les capuches, baskets et cartables de toutes les couleurs des enfants d'aujourd'hui. Le long des murs, les photos de quelques anciens élèves. JEAN D'ORMESSON, ÉLISABETH BADINTER, JACQUES CHIRAC, ANNE SINCLAIR, CHRISTINE OCKRENT, JACQUES CHABAN-DELMAS, VALÉRY GISCARD D'ESTAING, FRANÇOISE SAGAN, JEAN-PAUL SARTRE : la liste des «grands» anciens (comme on dit ici) est sans fin. En un peu plus de cent ans, la moisson d'écrivains, d'artistes et d'hommes d'Etat passés sur les bancs de cette petite école qui fait pourtant peu parler d'elle est probablement sans équivalent dans le monde de l'enseignement privé. HATTEMER était, est encore, un sésame discret qu'on se transmet dans des cercles restreints, familles d'intellectuels passées ici de père en fils, grande bourgeoisie catholique préférant l'excellence laïque aux écoles confessionnelles, grande bourgeoisie juive, depuis quelques années beaucoup de familles chinoises attirées par l'exigence et la discipline du «cours». C'est un monde globalement aisé mais qui n'a que peu à voir avec l'élitisme des écoles privées de la rive gauche. Si l'on est «hattemérien», c'est moins pour l'entre-soi social que par la conviction qu'un enfant doit, qu'un enfant peut apprendre beaucoup. Beaucoup plus, en tout cas, que le programme auquel l'astreignent les écoles publiques et privées sous contrat. «Nous rencontrons toujours les parents candidats pour vérifier qu'ils adhèrent à cette idée-là, explique le DIRECTEUR, PIERRE LANSONNEUR, qui refuse 30 % de demandes. Tout le monde n'est pas d'accord avec le fait de pousser les élèves au maximum de leur potentiel, tout le monde n'est pas persuadé, comme nous, qu'un enfant qui apprend est un enfant heureux».
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L'école édite ses propres livres, écrits par ses enseignants. La méthode ? Un apprentissage hebdomadaire, tout le programme de l'année étant saucissonné d'avance en semaines, et une inlassable répétition du contenu, au prix d'interrogations orales et écrites quotidiennes : on revoit chaque matin ce que l'on a vu la veille, chaque lundi ce que l'on a vu dans la semaine écoulée, chaque début d'année ce que l'on a appris durant l'année passée. Impossible de gravir un échelon sans avoir parfaitement acquis le contenu de celui auquel on se trouve. «On dit qu'il faut oublier les choses sept fois pour les retenir, dit Mme DE MESTIERS, responsable pédagogique de la maternelle et du primaire.Eh bien, nous les réapprenons sept fois. Nos classes comptent 20 à 30 % d'enfants précoces, qui s'y sentent bien alors qu'ils sont souvent rétifs au système scolaire classique».
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SOLDATS
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On raille ici, comme s'il s'agissait d'un langage de fous, la fameuse «pédagogie active» et les évaluations de «compétences» à l’œuvre désormais dans l'ÉCOLE DE LA RÉPUBLIQUE. On revendique comme allant de soi un apprentissage chronologique de l'Histoire, ainsi qu'un enseignement de l'histoire de l'art, jugé indispensable, dès la 6e.
surprise par ce que l'on exigeait des enfants. En fait, ils sont capables de beaucoup plus que je ne le croyais».
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Au collège, au lycée, il faut bien suivre un peu, pour présenter BREVET et BAC, le programme national. Mais, au primaire, la liberté de contenu est totale et c'est là, bien plus que dans le secondaire, que l'excellence du cours est vraiment sidérante. En entrant en 11e (l'équivalent du cours préparatoire), le petit hattemérien, qui a déjà fait une année de primaire (la 12e, disparue de l'ÉDUCATION NATIONALE), sait en général déjà lire. Et il faut assister à un cours de grammaire de 8e pour mesurer le gouffre qui sépare cette école des autres, voir pour le croire ces enfants de 8 ans, 9 ans, conjuguer sans sourciller au plus-que-parfait, à l'imparfait du subjonctif, apprendre ce qu'est un euphémisme, répondre à leur institutrice que le e accent circonflexe de «bête» est la transformation du s, bien sûr, du mot «beste» d'autrefois. «Le primaire à HATTEMER, c'est un secondaire partout ailleurs les mains dans les POCHES», dit une mère de quatre «hattemériens» qui assiste au grand cours - sa petite blonde à tresses est d'ailleurs bonne dernière. Les deux aînés ont regagné le système classique au prix d'examens d'entrée où ils ont excellé, et, à les voir si facilement en tête de classe, l'un et l'autre, en 6e et en 4e de leur collège public, elle a réinscrit ses deux derniers au primaire d'HATTEMER après les en avoir retirés. «Mon fils ne supportait pas la pression du «grand cours», la veille il avait mal au ventre d'angoisse, dit-elle. Mais nous l'avons convaincu de revenir cette année». Tant pis pour les maux de ventre. Le classement permanent, la compétition scolaire à l'anglo-saxonne font aussi partie du credo d'HATTEMER.
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CONCURRENCE
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Un père qui assiste au grand cours raconte combien son fils et son neveu se sont livré une concurrence acharnée l'année dernière, chacun piqué par le classement de l'autre. Il en rit. Lui-même, médecin aisé, est pourtant un pur produit plutôt réussi de l'école publique. Alors ? «Alors, l'école a changé. Aujourd'hui, elle nivelle. J'avais commencé par mettre mes deux garçons à la maternelle classique, ils n'y ont rien appris. Ici, c'est un peu l'école que j'ai connue jeune».
. A l'hattemérien entré tout petit dans le moule on garantit l'autoroute jusqu'au BAC - avec mention, cela va de soi. Mais, pour ceux qui attrapent le système en cours de route, que l'on accepte de prendre au collège, au lycée, le résultat est moins prévisible. D'où, justifie la direction, un 100 % de réussite au bac pas tout à fait atteint. «Avoir la méthode dès le plus jeune âge, c'est mieux, assure PIERRE LANSONNEUR. Pour les petits, bien entendu, le programme est plus souple, mais la maternelle, chez nous, n'est pas une garderie». On les observe avec curiosité, ces petits hattemériens de 2, 3 ans, une classe de vingt enfants qui roulent des boulettes de pâte à modeler, s'en collent forcément dans les cheveux, portent une attention plus que fluctuante à la maîtresse et regardent les nuages filer, dehors, par la fenêtre fermée. Coût : 5 500 euros l'année. Tout, presque tout est pourtant semblable à une petite classe de la «communale». Sauf les mots d'anglais au tableau, déjà : ils en font vingt minutes, chaque jour, avec une Américaine. Sauf le «Madame BERTRAND» par lequel ils désignent tous leur institutrice, quand le prénom, dans une maternelle ordinaire, est presque systématiquement de mise. Sauf le vouvoiement, surtout, réciproque et obligatoire. Les enfants vouvoient sans difficulté la maîtresse, elle les appelle encore un peu, le temps qu'ils s'habituent, à la troisième personne : «VICKY, elle revient s'asseoir, maintenant». «On ne les a jamais vouvoyés, dit-elle , au début cela les déroute». C'est encore un principe conservé de l'école d'autrefois : instaurer au plus tôt par le langage une distance entre l'adulte et l'enfant. ça a l'air idiot, cette règle du vouvoiement, mais les punitions et autres problèmes de discipline sont, paraît-il, rarissimes, même au lycée, tant le rapport à l'adulte semble facilité, dès le plus jeune âge, par cette règle toute simple. «Le milieu est souvent favorisé, mais ce ne sont pas tous des anges, dit une responsable pédagogique, alors on insiste tout le temps, depuis qu'ils sont tout petits, sur la tenue, la façon de parler, de s'adresser aux adultes, de se comporter face à eux, et il faut croire que ça marche».» . C'est drôle de les voir à l'entrée, ces jeunes tout à fait ordinaires qui parlent comme des charretiers, se marrent, chahutent, puis de les retrouver au sein du cours, de les voir se lever, vingt élèves comme un seul homme, dès qu'un adulte met un pied dans la classe, puis se rasseoir dès que celui-ci s'assied, naturellement, comme si de rien n'était. Drôle aussi de passer le même jour, hasard d'un calendrier personnel, de l'atmosphère archicompétitive d'HATTEMER à celle d'une réunion de parents de l'école publique. Une institutrice de CE1, toute de douceur et de gentillesse, y conjure les parents, surtout, surtout, de ne pas trop faire travailler leur progéniture : «Vraiment pas plus d'un quart d'heure par jour». On fera un peu d'anglais cette année, mais avec la maîtresse, et jamais par écrit, «pour ne pas confondre avec le français». On apprendra le verbe, le nom, mais on ira doucement, parce que la grammaire, «à cet âge, c'est dur», et qu'ils sont trente en classe. On sera évalué par des A, des B, jamais de note, pour ne pas se décourager. Tête de Mlle HATTEMER si elle entendait ça... «Si l'ÉDUCATION NATIONALE faisait son travail, dit PIERRE LANSONNEUR, bravache, nous ne serions plus là». |
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16 SEPTEMBRE 2014 NOUVELLES DE FRANCE
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La science a tranché : en suivant par IRM l’activité cérébrale de jeunes lecteurs, les neuropsychologues ont démontré que la MÉTHODE SYLLABIQUE permet un bien meilleur apprentissage de la lecture que la MÉTHODE GLOBALE.
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Pourtant en FRANCE les enseignants de l’EdNat délaissent la MÉTHODE SYLLABIQUE, préférant la GLOBALE. Après, ne nous étonnons pas que les résultats des petits Français dégringolent dans les tests PISA.
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En effet, seuls 4% des enseignants utilisent la MÉTHODE SYLLABIQUE pour l’apprentissage de la lecture en CP dans les quartiers populaires sur PARIS et la petite couronne. Les usines à fabriquer des cancres ont de beaux jours devant elles… |
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17 DÉCEMBRE 2016 MARIANNE
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CHAQUE ANNÉE, DE PLUS EN PLUS DE PARENTS DÉCIDENT DE SORTIR LEURS ENFANTS DE L'ÉCOLE ET DE SE CHARGER EUX-MÊMES DE LEUR INSTRUCTION. PARMI EUX, BEAUCOUP D'ENSEIGNANTS, REBUTÉS PAR CE QU'ILS ONT VU DE L’ÉDUCATION NATIONALE. ET DÉTERMINÉS À EXPÉRIMENTER D'AUTRES MÉTHODES PÉDAGOGIQUES.
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Huit heures du matin, un vendredi du mois de septembre. Dans la maison des HÉRINO, parents et enfants s'activent dans la cuisine, entre tartines, café et galettes de riz. Pourtant, des cinq membres de la famille, seul RODOLPHE, 43 ans, doit partir à temps pour arriver à l'école. Il est professeur de physique-chimie dans un collège ; sa femme, CLAIRE, est institutrice, en «disponibilité» depuis plusieurs années. S'ils le voulaient, leurs trois enfants, MARTIN, MARION et ANTOINE, pourraient aller se recoucher une fois le petit déjeuner englouti : aucun d'eux n'est scolarisé. Du tout, ni dans le public, ni dans le privé. RODOLPHE reconnaît qu'il lui a fallu plusieurs années pour assumer le paradoxe : «JE VIS D'UN SYSTÈME QUE JE REFUSE POUR MES ENFANTS. Au début, c'était très culpabilisant.»
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EN TOUTE LÉGALITÉ
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Un choix atypique, certes, mais contrairement à ce que l'on pourrait croire, pas illégal. Car si, depuis JULES FERRY, l'instruction est obligatoire, l'enseignement, lui, est libre, et chaque parent peut choisir le mode d'éducation qu'il estime adapté pour son enfant. Dès lors qu'il accède au fameux «socle commun de connaissances, de compétences et de culture» - ce qu'un inspecteur de l'ÉDUCATION NATIONALE est censé contrôler annuellement -, tout est possible. En 2015, près de 25 000 petits filous ont ainsi échappé à l'appel du maître, sans même avoir besoin de s'inventer une fièvre en posant le thermomètre sur le radiateur. Sur 8,1 millions d'enfants soumis à l'obligation scolaire, le chiffre peut sembler dérisoire. Sauf qu'il est en constante augmentation : en sept ans, il a même été multiplié par deux, au point d'alerter le MINISTÈRE DE L’ÉDUCATION NATIONALE qui se dit désormais «préoccupé» par la tendance. D'autant que, dans le documentaire Être et devenir (1), sorti en 2014, qui retrace les parcours de familles pratiquant l'instruction à domicile, la proportion d'enseignants parmi les dissidents est pour le moins saisissante... Et un brin déstabilisante. Comment des professeurs, témoins privilégiés et acteurs principaux du système, sont-ils devenus des apostats de l'école ?
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«EN 2015, PRÈS DE 25.000 PETITS FILOUS ONT AINSI ÉCHAPPÉ À L'APPEL DU MAÎTRE»
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Sur le papier, SOLINE LUCAS avait coché toutes les cases d'une scolarité exemplaire. Excellente élève, benjamine de sa promotion à la FEMIS, prestigieuse école de cinéma parisienne, elle se décrit comme un «pur produit de l'ÉDUCATION NATIONALE». «Mais, socialement, j'étais une handicapée de la vie, assène la trentenaire en guise d'introduction. Je n'ai pas profité de cette réussite scolaire. J'ai subi du harcèlement scolaire, des moqueries. J'ai été témoin de violences ordinaires et d'humiliations auxquelles je ne voulais pas exposer mes enfants.»
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Très intéressée par les pédagogies alternatives, SOLINE commence par se mettre en quête d'une école MONTESSORI pour ses petits garçons. Cette méthode, mise en place au début du XXe siècle par une pédagogue italienne, favorise l'autonomie des élèves : rarement assis derrière une table, ils sont en circulation constante dans l'espace, en fonction des activités qu'ils choisissent eux-mêmes d'entreprendre. «Pour moi, c'était la panacée !» sourit-elle. Elle-même passe le concours de PROFESSEUR DES ÉCOLES, avec l'idée d'adapter ses enseignements dans cette direction. Double échec. Les écoles MONTESSORI sont chères et trop éloignées du domicile familial. Quant aux résultats qu'elle-même obtient en tant qu'institutrice dans sa classe de moyenne section du XVe arrondissement de PARIS, ils ne sont pas à la hauteur de ses ambitions. «Je n'arrivais pas à aller au bout de ce que je voulais mettre en place, reconnaît-elle franchement. Ils s'emmerdaient. Mais ils s'emmerdaient vraiment !» Résultat : tout le monde est rentré à la maison, SOLINE comprise, son congé parental en bandoulière. C'est alors qu'a débuté pour la famille LUCAS une expérience pour le moins radicale.
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Car ce n'est pas pour faire l'école à la maison que les enseignants rencontrés par MARIANNE ont claqué la porte de l'ÉDUCATION NATIONALE, mais pour tenter l'aventure de «l'apprentissage autonome». Pas de programme scolaire, pas de matières séparées les unes des autres, pas de leçon, pas de contrôle, ni de notes : les enfants ne s'intéressent qu'à ce qu'ils veulent, et à leur rythme. L'idée peut sembler dingue, elle n'est pourtant pas nouvelle. Dès 1971, le penseur autrichien IVAN ILLITCH publie Une société sans école, un livre de référence chez les adeptes de la non-scolarisation. Farouche contempteur de la société de consommation, ILLITCH insiste sur les capacités d'apprentissage naturelles de l'enfant : «Ce n'est pas l'école qui apprend à l'enfant à parler, à jouer, à aimer, à se sociabiliser, qui lui apporte la connaissance d'une deuxième langue, le goût de la lecture», écrit-il.
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«GOUROU DE SECTE»
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Aux ÉTATS-UNIS, une abondante littérature documente ces théories ; l'école SUDBURY, pour ne citer qu'elle, les applique depuis près de cinquante ans. En FRANCE, en revanche, quiconque se recommande de tels principes passe vite pour un gourou de secte. Car l'apprentissage autonome suppose d'accepter des situations... inhabituelles. Comme le fait, par exemple, qu'un enfant de 12 ans soit un virtuose de piano, mais sans savoir déchiffrer une ligne de texte. Même les plus détendus des parents reconnaissent d'ailleurs quelques sueurs froides : pendant des semaines, ANTOINE, 7 ans, ne s'est intéressé qu'à l'histoire de la Première Guerre mondiale, à l'exclusion de tout autre sujet. «Bien sûr, que nous avons des peurs, aujourd'hui encore, affirme CLAIRE, la maman du jeune expert en poilus. Mais on a aussi la certitude que suivre les aspirations profondes d'un enfant, ça marche.»
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Attablée dans le jardin de sa maison corrézienne, CLAIRE raconte comment, malgré sa profonde aspiration à enseigner, elle a renoncé à consacrer son temps à l'ÉDUCATION NATIONALE. Ingénieur agronome de formation, elle commence par donner naissance à trois enfants, puis passe le concours de PROFESSEUR DES ÉCOLES. Mais, devant sa première classe, le rêve se fissure. «Les élèves étaient très nombreux, se souvient-elle. Il y avait le fait d'être enfermée dans une salle, de passer le plus clair de mon temps à faire de la discipline... Et puis, surtout, de voir à quel point ils s'en foutaient.» L'expérience aidant, la jeune femme aurait sans doute encaissé la déception. Mais il se trouve que, parallèlement à ces débuts difficiles, LE FILS AÎNÉ DU COUPLE DÉVELOPPE UNE PHOBIE SCOLAIRE CARABINÉE.
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«MARTIN, N'A SU LIRE QU'À 12 ANS. MAIS D'UN SEUL COUP, ET IMPECCABLEMENT»
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Âgé de 7 ans à l'époque, ANTOINE est malade à la seule idée de franchir le seuil de la classe. «C'était insupportable de le laisser dans un état pareil», se souvient RODOLPHE, son père. Démunis, les parents décident de «sortir» ANTOINE de l'école, qualifiant la décision de «mesure d'urgence». CLAIRE demande et obtient une mise en disponibilité, qui lui permet de quitter l'ÉDUCATION NATIONALE pour un temps, sans démissionner. L'année suivante, les deux autres enfants du couple rentrent aussi à la maison. «Marion avait 6 ans, et elle n'était pas aussi mal que son frère à l'école. Mais, quand elle en est sortie, j'ai remarqué très vite un changement énorme en matière de créativité, c'était manifeste.» Aujourd'hui, MARION a 15 ans ; elle fabrique des bijoux et se passionne pour le cinéma. Son frère cadet, MARTIN, n'a su lire qu'à 12 ans. Mais d'un seul coup, et impeccablement.
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«Il s'est mis à dévorer J.K. ROWLING ou TIMOTHÉE DE FOMBELLE, sans aucune forme de transition en termes d'apprentissage», se souvient sa mère. Quand il ne s'adonne pas à l'une de ses activités sportives, natation ou rugby, MARTIN lit aussi des livres de cuisine, dont il teste les recettes en famille. Quant à ANTOINE, 17 ans, il s'est formé à un logiciel d'animation en 3D grâce à un MOOC, ces cours disponibles gratuitement sur Internet. Il travaille en ce moment à ses premières réalisations cinématographiques. A les observer tous les trois, beaux comme des astres, racontant leurs projets avec enthousiasme autour de la soupe concoctée avec les légumes du jardin, on soupçonnerait presque la famille HÉRINO d'avoir trouvé la recette du bonheur...
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UNE LUBIE POUR RICHES BOBOS ?
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Ce sont les parents eux-mêmes qui tempèrent les enthousiasmes. La tribu habite en rase campagne, à quarante minutes de voiture de LIMOGES. CLAIRE a passé de longues heures à faire le taxi pour accompagner ses enfants à un stage chez un menuisier ou au cours de guitare ; le prix à payer pour éviter l'isolement social. Dans un avenir proche, les HÉRINO aimeraient développer une pratique plus collective, constituer «une communauté éducative», selon leurs termes, qui serait accessible à tous, y compris à ceux qui vont à l'école. «Pour qu'un enfant qui souhaite apprendre le russe, par exemple, puisse être soutenu dans son élan, explique la jeune quadragénaire. On ne dit pas que la déscolarisation est le meilleur choix pour tous. Il se trouve que, moi, ça m'a passionnée, parce que ça entrait en résonance avec ma vocation personnelle. Je le vis comme un cadeau non prémédité.»
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CLAUDIA RENAU n'avait rien prémédité non plus. Professeur d'histoire-géographie dans la région parisienne pendant dix ans, puis dans un Espe - nouveau nom des IUFM - pendant cinq ans, elle DÉCOUVRE par hasard la déscolarisation en parcourant des forums INTERNET. Son mari, qui de son côté y songeait depuis plus d'un an, saute sur l'occasion et lui propose de n'envoyer aucune de leurs trois filles à l'école. «J'ai mis trois ans à accepter l'idée, j'avais pour ma part de très bons souvenirs de classe, admet CLAUDIA. Mais mon mari était convaincu qu'avant 10 ans un enfant n'est pas assez solide pour faire face à ce que l'école a de corrosif. J'ai eu envie de lui faire confiance.»
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Les souvenirs de son expérience personnelle en tant qu'enseignante ont fait le reste. Alors qu'elle est en poste en zone d'éducation prioritaire à ÉVRY, CLAUDIA découvre une souffrance à laquelle elle-même avait échappé : celle des élèves en grande difficulté. «C'était des adolescents vifs d'esprit, mais ils avaient de mauvaises notes. Je me souviens d'un garçon en particulier, qui a vraiment vécu son redoublement comme une punition. Je l'ai défendu, mais j'ai compris que je n'étais pas crédible parce qu'on estimait que j'étais trop laxiste. J'avais de la considération pour mes élèves, mais ce n'était pas au détriment de leur travail, au contraire ! Un enfant qui a de mauvaises notes va accepter d'être orienté dans une «voie de garage» et sortira de l'école convaincu de sa propre nullité. Et c'est révoltant.»
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«QUE FAIT L'ÉCOLE POUR L'ÉGALITÉ RÉPUBLICAINE DANS UN SYSTÈME QUI PRIVILÉGIE L'HÉRITAGE ?»
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Depuis que la famille s'est lancée dans la «désco», de longues heures de réflexion et de discussion avec son mari ont rendu CLAUDIA incollable sur les arguments que l'on oppose le plus souvent à sa démarche. Une lubie pour riches bobos ? Plutôt un choix de vie qui oblige à réviser ses priorités : les RENAU vivent à cinq dans un appartement parisien de 45 m2 que CLAUDIA a payé avec son salaire de prof. Les autres familles que nous avons rencontrées partagent un salaire ou puisent le minimum dans leurs économies, héritage ou vestiges d'un poste abandonné. Les authentiques «riches bobos», eux, auraient plutôt tendance à contourner le naufrage de l'école en inscrivant leurs enfants dans le privé.
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Parmi les remarques les plus courantes, les parents pratiquant l'instruction à domicile entendent aussi - à raison - qu'ils sont des privilégiés bénéficiant d'un haut niveau d'instruction : tous les parents ne pourraient pas suivre leur exemple. «Mais que fait l'école de cette question de l'égalité républicaine dans un système qui, de manière structurelle, privilégie l'héritage ?» interroge CLAUDIA RENAU, faisant allusion aux études européennes (2) qui pointent les graves inégalités scolaires des petits Français en fonction de leur origine sociale.
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«COMME DES CHERCHEURS»
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Interrogé par MARIANNE, le MINISTÈRE DE L'ÉDUCATION NATIONALE engage à «se détendre un peu», c'est-à-dire à modérer la portée de ces expériences qualifiées de «libertariennes» et d'«ultra-individualistes». «Nous n'avons pas d'hostilité à leur égard, affirme OLIVIER NOBLECOURT, DIRECTEUR ADJOINT DU CABINET DE LA MINISTRE NAJAT VALLAUD-BELKACEM. Mais l'école doit être capable de donner un cadre collectif, et de transmettre un certain nombre de valeurs aux enfants.» Du côté des «désco», personne n'a formulé le vœu de brûler l'école de la RÉPUBLIQUE, et les profs sont qualifiés, au choix, de «perles», de «guerriers» ou de «digues sans lesquelles le système scolaire abîmerait bien plus d'élèves encore». Cette poignée d'aventuriers intello, anticonformistes et décroissants convaincus, espèrent même pouvoir un jour faire bénéficier la collectivité de leurs réflexions.
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Pour l'instant, l'ÉDUCATION NATIONALE a tendance à tenir ce projet à distance, en renforçant plutôt le contrôle des familles qui pratiquent l'instruction à domicile. Pour l'institution, il s'agit évidemment d'éviter que certains parents ne partent en roue libre et ne privent leurs enfants de l'accès à la connaissance ; chez les adeptes de l'apprentissage autonome, ce «fliquage» est perçu comme une entrave à la fameuse liberté d'enseignement, inscrite dans la loi. «Il y aurait pourtant des choses à apprendre de nous, notamment sur les façons de préserver les capacités d'adaptation et d'innovation des enfants !» estime SOLINE LUCAS. En termes d'expérience, cette maman de trois petits garçons non scolarisés en connaît un rayon : la famille vit en itinérance, dans une caravane, en mode carpe diem. «Il faudrait nous considérer comme des chercheurs», propose la jeune femme. Chercheurs ou savants fous, tous ont le mérite d'interroger les conditionnements... Et de bousculer les certitudes.
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(1) LE FILM DOCUMENTAIRE ÊTRE ET DEVENIR, DE CLARA BELLAR.
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(2) ETUDES PISA, MENÉES TOUS LES TROIS ANS PAR L'OCDE POUR MESURER LES PERFORMANCES DES SYSTÈMES ÉDUCATIFS.
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24 NOVEMBRE 2016 SÉNAT (Rapport p. 36) / CAFÉ PÉDAGOGIQUE /
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«Les chiffres communiqués par le ministère au sujet des démissions d’enseignants révèlent une progression inquiétante du phénomène auprès des enseignants stagiaires, particulièrement dans le premier degré. Le ministère n’a pas fourni d’explication à cette augmentation du taux de démission des enseignants stagiaires, lequel triple dans le premier degré et double dans le second entre les années scolaires 2012-2013 et 2015-2016. Le caractère éprouvant de l’année de stage, pendant laquelle les stagiaires doivent assurer un service d’enseignement à mi-temps, suivre leur formation et mener un travail de recherche, a été mis en avant par plusieurs des syndicats interrogés par votre rapporteur».
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Ce rapport indique aussi clairement une augmentation sans précédent des démissions de titulaires
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2012-2013 :
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démissions de titulaires du primaire : 299
démissions de titulaires du secondaire : 416
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2015-2016 :
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démissions de titulaires du primaire : 539 (pratiquement le double)
démissions de titulaires du secondaire : 641 (environ 30% de plus)
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HAUSSE DU NOMBRE DE CRÉATIONS D'ÉCOLES LIBRES
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«A la rentrée 2013, 37 écoles privées hors-contrat ont vu le jour en FRANCE, selon l’association «Créer son école». Mais le rythme de ces créations s’accélère. Paradoxalement, la baisse du niveau scolaire en FRANCE dans le cadre de l’ÉDUCATION NATIONALE s’accompagne d’un des budgets les plus élevés d’EUROPE. Effondrement de l’orthographe, du calcul, du français, des sciences. [...]»
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25 000 élèves sont actuellement instruits en famille. Et les défenseurs de l'école à la maison dénoncent le coup porté par le MINISTRE DE L'ÉDUCATION à l'instruction à domicile. Un droit inscrit dans la LOI FERRY de 1882 qui précise que, si l'instruction est obligatoire, la scolarisation, elle, ne l'est pas. . LES ENFANTS D'ABORD (LED'A), créée il y a un peu moins de trente ans, VIENT DE DÉPOSER UN RECOURS auprès du CONSEIL D'ÉTAT contre le décret du 26 octobre, rédigé par NAJAT VALLAUD-BELKACEM. Le texte, qui concerne aussi les établissements hors contrat, indique que le contrôle des connaissances ne se limitera plus aux attendus à la fin de la scolarité obligatoire, mais vérifiera les paliers d'apprentissage. Un moyen d'imposer les programmes scolaires et de réduire la liberté scolaire. |
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AU NOM DE LA LUTTE ANTITERRORISTE, NAJAT VALLAUD-BELKACEM VEUT RENFORCER LE CONTRÔLE SUR LES ÉCOLES HORS CONTRAT
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8 MAI 2015 RÉINFORMATION.TV
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C’était à prévoir. Tout comme les attentats de janvier et la lutte antiterroriste ont servi de prétexte à la loi sur le renseignement qui instaure la surveillance généralisée, la lutte contre la radicalisation djihadiste sert à justifier la mise en place d’un contrôle resserré sur les ÉCOLES HORS CONTRAT. NAJAT VALLAUD BELKACEM, MINISTRE DE L’ÉDUCATION NATIONALE, L’A ANNONCÉ HIER : ELLE ENTEND déployer un «pôle» de surveillance au sein de l’INSPECTION GÉNÉRALE qui sera chargé de ce contrôle renforcé. Premières cibles – au moins par le nombre – les établissements de confession catholique qui forment l’immense majorité de ces écoles vraiment libres.
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Les nouvelles ÉCOLES HORS CONTRAT sont déjà soumises à une obligation de déclaration préalable auprès des services du MAIRE, du PROCUREUR DE LA RÉPUBLIQUE (!), du PRÉFET et du RECTEUR D’ACADÉMIE. Un lourd parcours qui multiplie les embûches et les possibilités de refus. Chargés de contrôler «l’hygiène» et les «bonnes mœurs», ces autorités n’ont pas un droit de regard direct sur les contenus de l’enseignement. Mais dans la pratique on sait combien ces exigences matérielles, de plus en plus tatillonnes, pèsent sur l’enseignement hors contrat, offrant la possibilité d’un contrôle idéologique déguisé.
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ANTITERRORISTE ? LE CONTRÔLE DES ÉCOLES HORS CONTRAT NE SE BORNERA PAS À LA TRAQUE DES DJIHADISTES…
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«La jurisprudence est plus claire aujourd’hui et permet de vérifier qu’on n’y prêche pas des choses contraires aux valeurs de la RÉPUBLIQUE», a déclaré le ministre en réponse à une question de JACQUES MYARD (UMP), député des YVELINES.
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L’information est rapportée par CAROLINE BEYER, du FIGARO, qui axe son article autour de la réalité des (rares) ÉCOLES HORS CONTRAT ISLAMIQUES.
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C’était d’ailleurs le sens de la question de JACQUES MYARD, qui interrogeait NAJAT VALLAUD-BELKACEM sur une autorisation accordée à un chef d’établissement «qui n’avait pas la nationalité française», qu’il qualifiait de «problématique». Sans cette question, on n’aurait peut-être pas su que le ministre entendait déployer ce nouveau «pôle» pour permettre la mise en coupe réglée des écoles hors contrat.
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Mais c’est l’ensemble des écoles hors contrat qui sont visées, et à n’en pas douter c’est tout le sens de cette nouvelle réforme qui est bien moins «antiterroriste» qu’idéologique, parfait déploiement du plan de refondation de l’école décidé par VINCENT PEILLON.
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Najat VALLAUD-BELKACEM s’engage dans la prévention des «dérives sectaires» : les écoles catholiques hors contrat dans le viseur
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Mme VALLAUD-BELKACEM a annoncé que depuis décembre 2014, dans le cadre de la prévention des «dérives sectaires», quatre inspecteurs généraux ont reçu mission spéciale pour travailler sur le «hors contrat».
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CAROLINE BEYER cite l’«entourage» du ministre qui a donné cette PRÉCISION SUPPLÉMENTAIRE : «Le but est de systématiser les inspections. La liberté d’enseignement ne connaît qu’une limite : le respect des valeurs de la RÉPUBLIQUE»
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Excusez du peu ! C’est en réalité une limite de taille qui étend son champ de… nuisance à partir du moment où l’on fait respecter l’intégralité du contenu des «valeurs républicaines». Il s’agit de la forme de l’État, du gouvernement et de la désignation du pouvoir. Du PRINCIPE DE SOUVERAINETÉ : «Le principe de toute Souveraineté réside essentiellement dans la Nation. Nul corps, nul individu ne peut exercer d’autorité qui n’en émane expressément» Et du principe démocratique : «la loi est l’expression de la volonté générale». C’est ce qui fonde la supériorité de la loi civile sur la loi morale dans le régime ou nous vivons : il n’y aura plus qu’à s’aligner.
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Il faut y ajouter les «valeurs républicaines» et maçonniques, maintes fois affirmées contre les convictions religieuses, depuis la proclamation de la RÉPUBLIQUE, et encore plus nettement affirmées depuis les attentats de janvier. Laïcité, droit au blasphème, liberté d’expression absolue – dans l’exacte mesure de la conformité aux principes susdits.
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LE CONTRÔLE DES ÉCOLES HORS CONTRAT PORTERA SUR LES «VALEURS DE LA RÉPUBLIQUE»
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Tout cela peut aller encore beaucoup plus loin : habillement, mixité obligatoire, cours de religion surveillés, traque de l’«homophobie» dans l’enseignement moral… Le champ est vaste et les outils sont en place pour l’étendre.
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Que le contenu des enseignements donnés au sein des écoles hors contrat doive être soumis à un contrôle de l’INSPECTION ACADÉMIQUE n’est pas nouveau : cela fait plusieurs années que les gouvernements de droite comme de gauche, de XAVIER DARCOS à VINCENT PEILLON et aujourd’hui NAJAT VALLAUD-BELKACEM insistent sur la nécessité d’exposer tous les enfants au «socle commun», sinon aux programmes et aux modes de progression mis en place par l’ÉDUCATION NATIONALE.
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La nouveauté, c’est que ce socle commun devient de plus en plus idéologique, et que les moyens se multiplient pour en vérifier le respect, au détriment des – coûteux – espaces de liberté choisis par les parents dans l’enseignement hors contrat ou à domicile, lui aussi soumis à des règles de plus en plus strictes et à un contrôle qui se renforce au fil des ans.
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11 JUIN 2016 FRANCETVINFO
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LE MINISTÈRE DE L'ÉDUCATION NATIONALE ENTEND MIEUX ENCADRER LA CRÉATION ET LA GESTION DES ÉCOLES HORS CONTRAT, À L'ENSEIGNEMENT ALTERNATIF OU CONFESSIONNEL . Ils sont de plus en plus nombreux en FRANCE : des établissements scolaires qui ne dépendent pas des normes de l'État et proposent un enseignement alternatif au modèle public. Un apprentissage bilingue dès la maternelle est ainsi proposé à BOUC-BEL-AIR (BOUCHES-DU-RHÔNE). Une enseignante américaine travaille ici depuis trois ans, sans avoir de formation de professeur, ce qui légal pour les écoles hors contrat.
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CRITÈRES LIMITÉS . Les élèves ont aussi un cours de maths, une des rares obligations de l'école qui fasse partie des fondamentaux imposés par le ministère. Ce cours est prodigué par une retraitée de l'ÉDUCATION NATIONALE. . On compte 98 créations d'établissements de ce type en FRANCE depuis 2012. Ceux-ci ne touchent aucune aide de l'État. Les contraintes d'ouverture sont limitées : le directeur doit avoir 21 ans, avoir le BAC, un casier vierge et une nationalité française ou d'un pays de l'UE. |
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